Je vois mon ombre sur la lune

Elias avait une sœur. Plus âgée. Mais elle, elle avait la leucémie. Et il l’a perdu. Lorsqu’on lui a annoncé la nouvelle, il était trop jeune pour comprendre. Il se souvient cependant, de la réaction de sa mère et celle de Katie… La mère pleurait. Il a caressé son visage. Ce fût surtout par réflexe, pour sécher ses larmes qui perlaient sur sa joue. Katie, elle, faisait de l’humour. Elle tentait de les réconforter tous. Elle était comme ça. C’est elle aussi, qui a leur retour à la maison et dans des mots simples, a expliqué au jeune Elias ce que c’était qu’une leucémie.  

    À cette époque, Elias était un enfant docile. Particulièrement calme et discret. Il passait beaucoup de temps auprès de sa grande sœur. Elle lui parlait de la vie, de ce qu'elle y connaissait. Elle lui parlait de ses aspirations, de ses rêves. Ceux qu'elle ne réaliserait jamais. Trop occupée à se battre comme une lionne contre la maladie. Elle s'est même battue jusqu'à la fin, sans jamais se plaindre. Très drôle, elle leur inventait, à Elias et elle, toutes sortes de jeux afin de le divertir durant ses visites à l'hôpital. Les infirmières les surnommaient affectueusement les petites terreurs. Ils passaient leur temps à leur jouer des tours. Jusqu'au jour où Katie est entrée en soin palliatif. Et qu'elle n'en est jamais revenue. Mais, un jour, Elias sera docteur et il terminera la bataille pour elle.

   Puis la mère, elle aussi, elle lui a été enlevée. Un accident de voiture. Un chauffard complètement ivre convaincu qu'il pouvait tout de même conduire… Il n'a jamais vu sa voiture et il n'a pas freiné. La vie l'a ainsi laissé à un père un peu bourru, pas trop présent. Mais Eli, il s'en fout. Sa famille, c'est ses amis. Magnus, c'est son frère. Oz, aussi. De toute façon le père, il a honte de son fils. Peut importe les choix qu'il fait. Pourtant, n'importe quel parent aurait été fier que leur fils opte pour des études de médecine. Tous, sauf le sien. Mais, il accepte de l'aider à payer ses études.

   Sauf qu'Elias, c'est pas un élève studieux. Il a été accepté dans le programme dès le premier tour, il a toujours d'excellentes notes, mais il procastine constamment. Il trouve d'abord le temps de faire la fête et ensuite il étudie. Mais ça va, parce qu’il ne se gêne pas pour reprendre ses heures de sommeil perdues lors des cours du matin, Elias. Quand il daigne se présenter. Il ne comprend même pas pourquoi il n'a pas encore été viré. Après tout, il arrive pratiquement tous les jours en retard. D'au moins 15 minutes. Mais Elias, il remonte leur moyenne. Il est toujours au-dessus. Il dit toujours pleins de conneries, mais il a aussi souvent les bonnes réponses. Le petit Pettersen, il est plus intelligent qu'on pourrait le croire, en fait. Et ça l’arrange bien de ne pas avoir été viré, parce qu’il y tient.