secrets (mats)

les quelques rayons de soleil viennent embrasser la peau couleur miel de lotte. il faut s'en aller, vite. elle a l'habitude, lotte. se glisser hors du lit sans faire de bruit, enfiler ses vêtements de la veille et s'échapper sur ses grands talons, vacillante. elle a l'habitude de l'air frais sur ses épaules dénudées, des étoiles qui se noient dans le rose, de partir comme une voleuse. mais aujourd'hui, quand elle ouvre ses yeux, rien ne va. il est réveillé.

C'était supposé lui faire du bien. Lui faire oublier. Se lancer dans ces actes insignifiants, sortir pour ne pas rentrer seul, pour sentir quelqu'un contre lui. C'était censé lui faire du bien. C'est ce qu'il s'était convaincu. Mais ce n'était pas lui. Ça ne ressemblait pas à Mats. Un long soupire avait brisé le silence de sa chambre lorsqu'il avait ouvert les yeux et posé son regard sur elle.
Elle.
Il se réveillait à côté d'une nouvelle étoile filante dont il se rappelait ni le prénom ni l'endroit où il l'avait rencontrée, se réveiller ainsi ... Mats avait l'impression de faire l'exact opposé de ce dont il avait besoin.
- Salut.
Il ne savait pas quoi dire. Les autres fois, il s'était levé, faisant le plus de bruit possible pour être seul le plus rapidement possible. Mais là. Là il se sentait comme redevable. Il avait besoin de se racheter, et il ne savait absolument pas ce qu'il devait faire.

la voix chaude heurte lotte, c'était pas prévu ça. normalement, c'est la chaleur de l'alcool, les baisers passionnés, l'étincelle d'une nuit. il n'est jamais question de se parler. il n'est jamais question de se rencontrer, pas au delà de la rencontre de deux corps qui répondent à l'appel de la chair. "... euh, coucou." elle se redresse pour lui faire face. à la gêne visible du jeune homme, elle répond par un sourire. oui, c'est vrai qu'elle ne porte rien, elle n'est pas du genre pudique, lotte. elle aime se jouer des hommes. "bon, si on se retrouve dans cette situation gênante, autant qu'on apprenne à se connaître. tu t'appelles comment ?"

Son sourire. Il espérait secrètement qu'elle parte après ce salut froid et gêné. Mais elle restait là, sourire aux lèvres, poitrine en évidence. Il regrettait presque ce salut improvisé. Il aurait dû se lever, faire son bruit habituel, lui demander de partir, gentiment, lui faire comprendre que c'était une seule fois. Que ça n'aurait pas dû arriver. Que ça n'arriverait plus. Il échappe un regard vers ses formes. Il détourne le regard, se redresse.
- euh ... Mats. Faire connaissance ? Il n'était pas vraiment sûr. Il ne savait pas ce qu'il faisait là. - Et ... Toi ? C'était peut-être un des moments les plus gênants de sa vie. Une femme sexy dans son lit, nue, lui à côté, nu également, à placer difficilement un mot après l'autre.

serait-ce du rouge sur ses jolies joues ? il faut se rendre à l'évidence, le grand bonhomme a l'air terrifié par la situation. alors, lotte s'étire longuement, comme un chat, et se lève enfin pour enfiler des sous-vêtements. "c'est mignon, mats. moi c'est lotte, enchantée." plus elle y pense, moins elle se souvient de sa soirée. les néons, la musique, les corps qui s'enlacent, tout ça, c'est flou. le principal, c'est d'avoir eu un toit sur sa tête pour la nuit. "dis, mats, tu pourrais me faire un petit café ? ce serait super sympa." elle se retourne vers lui et sourit en guise de remerciement. ça devrait lui suffire.

- Hm, hm.
Il se met assis sur le bord du lit, cherchant à cacher sa nudité, avant de se dire merde et de se lever, d'aller vers une pile de linge dans le coin et d'enfiler un jogging et un sweat. Il ne lui prêta pas un regard. Il sortit de la chambre, pris des pièces qui traînaient par là, et sortit de l'entrepôt. Mats, il avait pas de cafetière. Que le strict minimum. Mais y'avait un café pas loin, et s'il avait assez, il prendrait peut-être un ou deux gâteaux à la cannelle. Ouais, il allait prendre le temps de bien faire les choses. Assez de temps pour laisser le temps à Lotte de filer si elle le veut. Assez de temps pour s'aérer, aussi.
Il pose le café brûlant sur le comptoir, dans la cuisine, lâche le paquet et se met assis sur un des tabourets. Mats n'entendait pas de bruit, mais si Lotte était encore là, elle se laisserait doucement attirer par l'odeur du liquide brûlant.
Il avale un premier gâteau et se lèche les doigts en réalisant que Lotte, il ne la connaissait pas, mais il avait pas envie de la laisser partir. Mats il ressent le besoin de se racheter de ces dernières nuits de conquête. Et Lotte, en la regardant, après s'être réveillé, il a ressenti ce truc.
Ce truc c'est assez pour lui.

la silhouette masculine s'en va. l'espace d'un instant, elle se dit qu'il est peut-être parti pour toujours. d'un côté, ça l'arrangerait, elle avait besoin d'un appartement pour les quelques semaines à venir de toute façon. mais d'un autre côté, son coeur bat un peu plus fort à chaque seconde et elle espère le voir franchir le pas de l'appartement. deux minutes. trois. jusqu'à cinq, dix peut-être. elle se promène dans ce petit foyer, un peu négligé, cette négligence si propre aux hommes. et tout à coup, il rentre. lotte sursaute. c'est normal et pourtant tellement inattendu pour elle, il faut dire qu'elle n'a jamais vraiment pris autant de temps avec un coup d'un soir. elle se précipite vers ce qu'il a rapporté, du café, un peu cheap mais elle y est habituée, et en boit quelques gorgées. "tu n'es pas très bavard, mats." il est trop grave ce garçon là, ça ne lui plait pas, mais ça l'intrigue. "merci pour le café."

- Hmm ..., jamais été doué pour ça, il lui sourit, furtivement. Il n'est pas bavard, c'est vrai. En règle général. Il l'est encore moins devant une Jane Doe qui vient de se réveiller dans son lit.
- Ecoute .... Il essaye de former ses mots, la regardant avec insistance, essayant de la sonder pour savoir si c'était la meilleur chose à faire. - Ça me ressemble pas, tout ça, tu sais. Il a juste envie de rectifier le tir. Multiplier les coups d'un soir, c'était juste une façon de ... vivre quelque chose. Il pensait réellement pouvoir passer à autre chose, mais tout ça, ce n'était pas lui. - Je veux dire, ... oublie, nouveau sourire, soupire gêné. Mats attrape le paquet de pâtisseries et se dit qu'il va juste attendre qu'elle parte et oublier tout ça. Il n'a pas besoin d'essayer d'alléger sa conscience, hein ?

un petit sourire. de sa part, c'est peut-être exceptionnel, alors lotte s'empresse de sourire jusqu'aux oreilles. il a un regard de braise ce garçon, ça ne l'étonne plus trop d'avoir passé la nuit avec lui. et puis tout s'effondre. les mots qui mentent, les mots secrets, les mots lâches. elle déteste ça. sourcils froncés. c'est sur que les nuits avec lotte, on ne les regrette pas, pas d'habitude. "oui, c'est ce qu'ils disent tous." elle soupire à son tour. peut-être qu'elle se faisait trop d'illusions. après tout, ce n'est qu'un garçon parmi tant d'autres, tous pareils. elle s'habille, rapidement, il faut fuir. une dernière idée lui traverse la tête. peut-être que c'est trop farfelu, trop forcé, trop poussé. mais c'est typique lotte. alors, elle s'approche, un peu trop, c'est dangereux, et colle ses lèvres contre les siennes. "j'espère que tu garderas quand même un bon souvenir de notre nuit. je te souhaite pleins de belles choses, mystérieux mats." et lotte lui sourit, une dernière fois.

Il la regarde partir. Pendant un instant, il la laisse partir, le souvenir marquant de ses lèvres sur les siennes, ses mots faisant écho dans ses oreilles. Il ne s'était pas attendu à ces quelques secondes volées. Les mots de Mats avaient eu l'effet habituel. Ils étaient maladroits, ils étaient creux. Même lorsque Mats essayait de leur donner tout leur sens. Ceux de Lotte, au contraire, étaient tranchants. Percutants. Et ses lèvres, persistantes ... Il ne la regarde plus partir. Il ne la laisse pas partir. Quelques pas, il lui attrape le poignet, délicatement, et la tire vers lui, doucement. - Crois moi. Il prend une grande respiration, entend son cœur dans ses oreilles, sent son émotivité prendre le dessus. - Je n'ai jamais fait ça, me réveiller à côté de quelqu'un que je ne connais pas. Je déraille complet, depuis quelques semaines, mais ce n'est pas moi. Bordel je déteste ça ... Il déteste ça, parler, parler de lui, parler du passé. - Tu veux bien rester ? Il lui lâche la main. Elle est libre de partir, mais son regard lui fait comprendre qu'il veut qu'elle reste. Un peu, au moins.

sa main sur son poignet. des mots qui résonnent, qui la percutent à son tour. et puis les mots déferlent comme des vagues, ils tombent de ses lèvres, maladroits, et peut-être bien que lotte n'avait pas tout à fait raison sur son compte. quand leurs regards se croisent, il a l'air sincère, plus sincère que quiconque. "oui." lotte, elle, elle est hésitante. ce n'est pas la première fois qu'on se confie à elle, mais c'est la première fois que quelqu'un lui ouvre son cœur. "oui, je veux bien rester. un peu." elle s'est déjà habituée à son silence, alors quand il parle, ça la déstabilise. "je te crois. vraiment." et elle reprend sa main.

Il sourit. Il sait faire, ça, sourire. Peut-être qu'il ne sait faire que ça. Sourire lui a toujours permis de se sortir des situations les plus compliquées. Mais là, sourire ne lui semblait pas être la meilleure des solutions. Il l'efface, regarde Lotte, avec insistance, essaie de comprendre son personnage. Il pose sa main libre sur la joue de la jeune femme. Jeune. Elle est jeune, à peine la vingtaine, il imagine. Il réfléchit, mais il n'a jamais été bon à ça. Il agit souvent par instinct. Par impulsion. Il fait ce que son cœur lui dicte, et regrette plus tard. Il approche son visage, tout en faisant glisser sa main sous le menton de la brune. Il l'embrasse alors, sans réfléchir, sans penser. Il l'embrasse, c'est tout, parce que ça lui semble la meilleure des choses à faire.