vice versa / libre

ce que j'aime le plus chez toi c'est ta confiance. foutrement bien sculptée, insaisissable et imparfaite. tu la dessines comme bon te semble. un modèle en glaise. suffit d'y passer doucement son index pour lui redonner vie quand les temps se font plus gris. bien que flexible, cette confiance t'appartient. tu es en contrôle de ses pointes épineuses, que tu soignes quand il faut te relever. puis, tu la blesses quand il faut aimer, tu perds tes repères. et puis vice-versa.

du bout de ses botillons en suède, un pied devant l'autre et les mains enfouies dans les poches de son parka, elle avance. le trottoir est un peu glissant. il a plu la veille. le froid de la nuit a gelé en partialité l'état des routes et chemins de piétons. la demoiselle fronce les sourcils, entêtée de devoir faire attention. elle n'est pas d'humeur et ne veut que rentrer chez elle.

Spoiler:

tous les mêmes. pour la énième fois de sa vie, lotte s'enfuit, les joues rouges et les sourcils froncés. une fois, elle avait donné son coeur à jack, un bel australien venu faire la fête en europe pour quelques semaines. ça n'avait rien donné. une autre fois, elle s'était entichée de bjorn, un norvégien séduisant aux lointaines origines suédoises, mais il s'était découvert un faible pour les beaux garçons. et puis elle avait vécu deux semaines avec paul, un grand français dont l'accent faisait craquer toutes les filles, mais il lui avait proposé de se marier et à à peine dix-huit ans, elle s'était enfuie. une fois encore, c'en est fini avec un homme. quelques éclats de voix, une main levée, et lotte plie bagages sans aucun regret. elle marche et marche sans nulle part où aller, les jambes vacillantes sur ses hauts talons et soudain, elle percute une silhouette peut-être même encore plus déterminée à s'enfuir.

Spoiler:

une bulle. c'était la sienne. sa carapace. une enveloppe transparente, bien que rigide et sans entrée. elle la suivait presque partout où elle allait. maître, elle pouvait l'ouvrir et la refermer comme bon lui semblait, lorsque le moment était bien placé. lorsqu'elle en avait envie. parfois, la demoiselle se sentait clostrophobe de cette bulle. cet espace restreint, qui ne pouvait qu'accueillir son corps. rien d'autre. personne d'autre. inconsciemment, elle ressentait le besoin soudain de respirer, s'ouvrir au monde. et bien, à cet instant précis où olivya titubait le long de la route, qu'on perça sa bulle, sa solitude malsaine. une femme lui avait accroché l'épaule. par mégarde ou par exprès? oli s'enquit de lâcher un "hey oh!" d'une voix écorchée, négligée.

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