(bo) ϟ pas avec toi mais pas sans toi.

Théa elle a froid dans son appartement, elle a froid parce qu'elle est seule et que Bo n'est pas là, Bo n'est jamais là quand il faut et pourtant c'est comme s'il avait toujours été là. « Mon amour viens me voir j'ai besoin de toi. » Elle lui avait laissé la porte ouverte, sa porte était toujours ouverte pour Bo mais il mettait du temps à arriver, il mettait toujours du temps à arriver parce qu'il était sûrement avec quelqu'un d'autre alors que Théa est seule et qu'elle ne veux que lui. « S'il te plait Bo j'ai besoin de toi. » Elle avait toujours besoin de lui alors elle s'en veux, elle laisse tomber le portable par terre sans prendre la peine de raccrocher et dehors la nuit est froide et Bo n'arrive toujours pas.

L'ambiance pesante de l'appartement se dissipe quand il arrive, la pièce est moins froide, la nuit est moins noire mais Théa est toujours aussi mal, aussi triste, toujours trop en colère. « Je suis là. » Il était toujours là, il finissait toujours par être là, même quand il ne l'était pas. Il était partout pour elle mais elle n'était que quelques instants dans sa vie. Il l'aime, mais elle l'aime plus, elle l'aime trop. Pas assez. « Je suis désolée Bo. » Désolée de ta gâcher la vie, désolée de toujours t'appeler à des heures pas possibles parce qu'elle n'arrive pas à rester seule, désolée d'être une cinglée sortie de l'hôpital. « Je sais pas pourquoi mais ça va pas. » Ca ne va jamais, sauf quand il est là.

Il est là, elle sent sa présence rassurante autour d'elle, ses bras musclés et son torse contre laquelle sa tête frêle et tremblante vient se poser. Tout se calme. Elle respire à nouveau. Elle n'est plus seule. Il ne l'a jamais laissé seule. « Merci. » Elle lui murmure doucement, elle lui soupire à l'oreille alors qu'il presse sa bouche contre sa joue. Elle n'a plus honte, elle ne s'excuse plus, elle ne se sent plus bête. Bo apaise tout. Même quand il s'en va, il est toujours là. « J'ai du saumon dans le congélateur. Et du thé dans les placards. » Le frigo est vide, le frigo était toujours vide. Elle cachait ses bouteilles sous son lit.

Il grimace, il grimace toujours quand il se rend compte qu'il n'y a rien à manger chez Théa. Mais Théa ne mange jamais rien chez elle. Elle boit. Et quand elle en a marre de boire, elle va manger chez Bo. C'est Bo qui s'occupe de ces questions là. Théa, elle, elle s'occupe de sombrer. « Non. Je sais pas. Peut-être. » Bo revient vers elle, l'emprisonne de ses baisers, ses attentions, cet amour qu'il lui porte. Elle n'ose pas lui demander pourquoi est-ce qu'il l'aime autant, elle a peur qu'il se rende compte que tout n'était qu'une mascarade. Il n'y avait rien à aimer chez elle. « J'ai à boire si tu veux. » Toujours. Elle a toujours à boire.

Il a le sourire amoché de ceux qui ont pitié. Bien sûr qu'elle avait à boire. Elle avait toujours à boire. Et ça déplaisait à Bo. Mais elle avait commencé bien avant de le connaitre, c'est comme si elle avait toujours eu ce besoin, au fond, ce manque qui lui tordait les entrailles. « Je sais je... Je n'ai pas besoin de boire quand tu es avec moi. » Encore un mensonge, toujours des mensonges pourtant Bo serait le seul qui mériterait d'entendre la vérité. Elle se relève, se rapproche de lui, l'enlace dans ses bras maigres alors qu'il se prépare un repas de fortune. « Tu es assez pour moi Bo. » Toujours des mensonges. Bo était tout, mais il ne pouvait rien à son mal. Personne pour la sauver d'elle même. Menteuse.

Bo l'attire contre elle, Bo la recouvre de baiser, Bo s'occupe d'elle comme personne ne l'a jamais fait. Bo est la seule personne qui lui reste, et c'est tant mieux comme ça. Théa pose sa tête contre son épaule qui se soulève doucement, au rythme de sa respiration, et ça suffit à l'apaiser. Ne plus être seule. Être avec lui.  « Tu es bête. » Elle rigole, léger tintement qui vient se fracturer contre les murs de la pièce. Elle croque la tartine a pleine dent, soudain affamée, des miettes leur tombent sur les jambes. Elle récupère le bout de pain et, espiègle, l'écrase sur la joue de Bo. Elle redevenait une enfant avec lui par moment, tourbillon incessant, montagne russe des émotions. Elle était en haut de la vague. Attention à la descente.

Il est comme un enfant, sincère sans être en colère, il rigole sans être vexé, recommence, fier de sa bêtise, fière d'arracher des sourire au visage triste de Théa. Elle aime ces moments, quand elle se perd avec Bo, quand elle n'a besoin de rien d'autre pour se perdre que Bo. Mais l'innocence est vite perdue. « Oh. » Elle ne veut pas s'imposer, elle ne veut pas l'obliger à raconter. Elle avance en terrain miné, elle ne sait pas où poser les pieds. Elle entrelace sa main, pleine de miettes, dans celle toute douce de Bo. « Tout va bien ? » Elle est calme, sereine, elle dégage une tranquillité surprenante qui jure salement avec son état du début de soirée. Elle aussi, elle pouvait être là pour lui.

La chaleur de la main de Bo autour de la sienne ne la rassure pas. Il s'inquiète. Il est ce grand frère qui ne comprends pas, cette force sourde qui ne sait pas comment agir. Que faire. Elle aurait aimé avoir un frère comme lui, maladroit, incapable de la comprendre, mais qui essaye, qui s'accroche sans en avoir l'air. Elle repense à son frère à elle. Il n'a jamais essayé de la contacter après son départ. Elle serre la main de Bo alors qu'il l'embrasse. Elle a envie de lui dire qu'il finira par s'en sortir, mais reste muette, plus habituée aux relations familiales. Plus habitué à avoir des gens qui se soucient d'elle, à part Bo. « Ça va. C'est calme avec les fêtes, tout le monde prends des congés pour rendre visite à ceux qu'ils aiment. » Et elle restait derrière son bureau, à trier des livres. « Et moi je suis avec toi. »

Ses baisers sont autant d'attentions desquelles elle ne peut plus se passer et ses mots sont comme un liquide chaud dans lequel elle se baigne, un bain brulant duquel elle ne veut pas sortir. Je sais. Il transpirait d'amour pour elle, discret sur ses sentiments qui étaient pourtant visible dans chacun de ses gestes. « Moi aussi je t'aime. » Elle ferme les yeux, se concentrent sur la respiration de Bo, perd la sienne, devient fiévreuse, son cœur bat. Il était tout pour elle, la seule chose qu'elle n'avait pas laissé derrière elle. La seule personne qui s'accrochait à son corps meurtri, les seules lèvres qui se posaient encore sur les siennes. Il était la seule chose qui restait à ses yeux. Elle aurait aimé être la seule dans sa vie à lui aussi.

Sa présence la rassure. Il est là. Il ne partira pas, même si son téléphone vibre. Son front vient réchauffer sa boite crânienne à elle, toute froide, tellement froide, glaciale, remplie de toutes les mauvaises pensées. Mais Bo lui réchauffe le crâne, le cœur, le corps en entier. Sa proposition lui fait tourner la tête, elle a chaud tout d'un coup, elle s'agrippe aux lèvres de Bo, essoufflée, son cœur bat. Son cœur bat. Il ne battait que quand Bo était là. Elle se sentait stupide, accroché à sa bouée de sauvetage, perdue en pleine mer, mais elle ne pouvait pas le lâcher. Elle ne voyait aucun rivage. Alors elle s'accroche au lèvre de Bo, ses mains parcourant son corps rassurant. Elle le laisse faire, il mène la danse, c'est une règle tacite entre eux. Tu peux lui faire tout ce que tu veux Bo. Tout.