f/ la meilleure amie

avis de recherche

on a tous besoin d'un ami sur qui compter

what i need

⟨ à propos de la recherche ⟩

Andreas et elle, ça n'a jamais été une évidence. Ils ont assez peu de choses en commun: elle est joviale, extravertie et a une tempérament de battante là où Andreas est passif et introverti...et sourd. Elle n'a jamais supporté de le voir malmené par les autres et elle a pris sa défense même s'il ne lui avait rien demandé. Depuis, ils sont amis, étonnamment mal assortis et pourtant, leur amitié est sincère. Elle a d'ailleurs appris le langage des signes rien que pour lui.

Extrait de fiche a écrit:

Journée de merde.
Cette dernière avait mal commencé dès que tu avais poussé les portes du lycée quelques heures plus tôt et il n’y avait aucune chance pour qu’elle se finisse mieux, les miracles tu n’y croyais pas et quitte à ne rien faire, autant le faire ailleurs qu’en classe. Dans le parc pourquoi pas ? Où alors au bord de la rivière ? Peu importe où finalement pourvu que ce soit loin de ton école.
La rentrée venait tout juste d’avoir lieu mais il t’avait suffit de quelques heures seulement pour comprendre que la philosophie, ce n’était pas ton truc. Cette matière t’ennuyait profondément mais surtout, le professeur parlait si vite qu’il t’était impossible de suivre ses paroles alors autant écourter ta journée.
Ton sac par dessus ton épaule, tu te dirigeais d’un pas lent vers la rivière avant d’escalader habilement la petite butte avant de rejoindre enfin les berges. Ce coin, tu le connaissais par cœur et tu y avais passé une bonne partie de l’été. C’était à la fois calme et isolé. Tu n’avais pas besoin de faire semblant de quoique ce soit, tu n’avais besoin de penser à rien du tout. Quand tu étais tourmenté, tu t’amusais à améliorer tes ricochets et  quand tout allait bien, tu restais simplement là à attendre que le temps passe, glissant tes pieds dans l’eau fraîche à regarder les petits poissons s’approcher farouchement. Tu essayais parfois d’en attraper à la main mais ils étaient bien trop rapides et intelligents eux. Cet après-midi pourtant, tu te contentais de rester là, affalé dans le sable sans une seule pensée pour la machine que devrais faire ta mère. Toi et les tâches ménagères, ce n’était de toute évidence pas l’amour.
Perdu dans ta léthargie paresseuse, tu ne remarquais pas le souffle dans ton dos, ni le bruissement des branches un peu craquelées par la chaleur de l’été. De toute manière, même si tu avais été attentif, tu n’aurais rien entendu. Tu aurais pu sursauter quand des mains se posèrent sur tes yeux, tu aurais pu avoir une réaction de défense mais ces mains, tu les connaissais, tu connaissais cette chaleur et cette douceur, elle n’avait pas besoin de s’écrier « Devine qui c’est » parce que tu savais sans l’entendre ni la voir. Son doux parfum à l’amande douce t’était aussi familier que les traits de son visage.
Sans plus tarder, elle se laissa tomber à tes côtés, appuyant son genou contre le tien, dessinant un large sourire sur son visage. Quand elle souriait juste un peu, elle avait tout d'une femme faite, une beauté farouche aux cheveux flamboyants mais quand elle laissait son sourire fendre son visage, elle redevenait ta jeune amie, fougueuse et espiègle. Un peu bruyante, tu n'avais pas besoin de l'entendre pour le savoir, mais ô combien attachante. Tu ne savais pas bien ce qu'elle te voulait, ni pourquoi elle avait décidé de te faire entrer dans sa vie alors qu'elle était ton exacte opposée.
« Tu n’es pas en classe. » tu signes en lui jetant un coup d’œil alors qu’elle rigolait doucement, sans doute contente de se retrouver là où elle ne devrait pas.
« Toi non plus je te signale ! Comme je t’ai pas vu, j’ai dit que j’avais mal au ventre. » elle t’explique par signes, un sourire malicieux sur le bout des lèvres. Tu hoches alors du menton, l’explication était simple et sans doute vraie. Ses gestes, bien qu’encore un peu brouillons par fois, s’étaient grandement améliorés ces dernières années. Sans le lui dire ouvertement, tu te sentais flatté qu’elle se soit tant appliquée à apprendre ce langage étrange, elle qui piaillait sans cesse, au début tu t’étais imaginé qu’elle se lasserait devant sa complexité mais non, elle avait persévéré encore et encore jusqu’à pouvoir s’exprimer aisément avec toi. Cela faisait d’elle ta seule vraie amie, celle à qui tu pouvais t’exprimer librement sans devoir singer de signes grotesques. Oh votre relation n’avait rien à voir avec celle avec ta soeur mais auprès de la fauve, tu te sentais en confiance, assez pour l’accepter auprès de toi et perdre ton temps à lui apprendre tes codes.
« Tu sais, je trouve que tu ne devrais pas te laisser faire, ils sont complètement cons » reprit-elle avec une lueur flamboyante dans le regard mais toi, tu te contentais de regarder droit devant toi, ta manière d’éviter les conversations gênantes. Tu sais bien qu’elle a raison, que tu devrais les envoyer chier ces types qui te postillonnaient dans les oreilles en hurlant, comme s’il fallait qu’ils aient la preuve de ta surdité.
Elle agita sa main devant tes yeux, sa manière à elle de te forcer à l’écouter.
Tu pousses un petit soupire et doucement, tu glisses tes doigts sur sa cuisse jusqu’à rejoindre son genou, dessinant des spirales imaginaires. Tu savais qu’elle bouillait mais qu’est-ce que tu pouvais y faire ? Elle ne pouvait pas indéfiniment prendre ta défense.
« ça va aller » tu dis doucement, de ta voix un peu bizarre.
Ça allait toujours.
Peut-être bien que ta journée n’était pas si merdique finalement.