emil · i can't listen to banality

▪︎ Je ne pense pas souvent à eux. Tous ces gens qui m’ont fait partager leur vie pendant tant d’années. Le regard de ma mère et le sourire de mon père. Je ne vois plus que moi dans le miroir, maintenant. Et eux, perchés dans leur tour, ces rois du monde, ils ne pensent probablement pas souvent à moi.

▪︎ J’avais pensé que ç’aurait été facile, au final, de vivre seul. De vivre ailleurs. Même, au début, de ne connaître personne. Puis j’ai du apprendre. Apprendre à jongler ; avec le lavoir, les courses, le ménage et le travail. Mais j’ai encaissé pour pouvoir apprécier l’autre versant : la glisse, la fête. L’indépendance, la liberté. Et ça a marché.

▪︎ De l’aristocratie de bas étage, j’ai les mots et l’aisance de parler. Des fréquentations moins orthodoxes, j’ai l’argot, j’ai la haine, j’ai la mâche lourde et la passion. En sachant de quoi jouer à quel moment, on arrive facilement à nos fins. Et pourquoi se priver de ce qu’on peut avoir ? C’est un réflexe que je n’ai jamais su perdre. Tant qu’autrui n’est pas (trop) atteint, alors, je prends ce que je veux en faisant croire qu’on me l’offre. Avec satisfaction.

▪︎ J’ai lu Flaubert d’un œil comme j’ai maté Pimp my Ride. Joué aux échecs et à Fifa, rêvé en 3D et en noir et blanc. J’aime beaucoup de choses, tant que j’en reconnais la qualité.

▪︎ Au début, c’était une après le cours de piano, derrière les écuries. Puis une deuxième la nuit dans la salle de bain de la chambre d’amis. Puis cinq, dix, une quinzième au fond de mon pieu, composé d’un matelas posé sur le sol et jonché de magazines de bande-dessinées, de guitares en plastique connectées à la PS4, des mégots écrasés dans des barquettes de pâtes au fromage à réchauffer au micro-ondes. Dans mon propre endroit.