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▪︎ bas est un mec qui n'a jamais eu le sens des nuances, doucement dingue, comme le sont parfois les gens tranquilles et intégrés. né dans un quartier défavorisé de tromsø, il a rapidement compris que la vie n'était pas aussi simple qu'une partie de picolo. son enfance a été de celles qui fondent une vie, un caractère, et lui a laissé un sourire nostalgique de photo déchirée, comme un héros stérile derrière un écran de pétrole grumeleux. il mène une vie dispersée et ne voit aucun intérêt de rentrer dans les détails. il vit dans l'urgence des minutes et du temps qui file, en amenant le désordre qu'il tient en laisse comme un chien. à ses yeux, il est suffisant de décliner sa vie en titres de chapitres, en-têtes et préfaces choisis. et avec les gens, c'est pareil : il se contente d'aller et venir, de donner très peu et de tout prendre avec un calme féroce.

▪︎ bas a toujours eu la tête sur les épaules. s'il n'est pas cruel en affaires, il n'est pourtant en rien sympathique, car même s'il ne prendra aucun plaisir à vous ouvrir le crâne, il le fera de manière indifférente, comme s'il ouvrait une boîte de conserve. très ambitieux, il est actuellement assistant-gérant du 5050, le skateshop dans lequel il travaille depuis six ans, aux côtés de son pote mørk. au début, le business roule, et malgré quelques rancoeurs, c'est un vrai plaisir de travailler entre amis. mais depuis que les finances sont dans le rouge, bas a de plus en plus de mal à dissimuler la jubilation intérieure, brûlante, immorale, qu'il ressent en voyant mørk échouer en s'acharnant. l'ambiance est devenue piquante entre les deux hommes, mais heureusement le reste de la famille 5050 est là pour contenir cette rivalité masculine.

▪︎ après des études en management social et en parallèle du skateshop (et aussi pour évacuer une certaine forme de frustration), bas a investit une bonne partie de son temps et de son argent dans la création de son association : children of the city (COTC). l'idée est née d'une envie : mettre sa passion pour le skate au profit des enfants défavorisés, les accompagner dans l'appropriation d'une nouvelle forme de liberté : la glisse. en partenariat avec les collectivités locales, bas met des planches à disposition des enfants de son quartier, de façon à ce qu'ils se consacrent au sport plutôt qu'aux mauvaises fréquentations. il organise également des sorties découvertes et des rencontres avec certaines figures du skate de la région. fondée en 2012, la petite association prend de l'ampleur, et ce sont tous les sourires et les kickflips des enfants de COTC qui lui donnent envie de continuer.

▪︎ l'autre passion de bas dans la vie, c'est la musique. il est un grand collectionneur de vinyles, religieusement rangés par ordre alphabétique dans les étagères kallax et expedit qui occupent deux murs de son salon. house, deep house, micro house, techno, sans oublier de la dub, du funk, de la soul (quand il ramène des filles), ou encore des vieux EP de rap et de hip hop old school. s'il n'a jamais appris à mixer, il sait au moins caler les galettes sur ses technics, et représente à peu près 90% du savoir wikipédia vivant à ce sujet. passionné, sans être rébarbatif ni sélectif, il aime chiner et partager les pépites qu'il trouve sur discogs ou dans ses disquaires préférés, aussi c'est lui qui s'occupe de faire la sélection musicale du 5050.

▪︎ s'il peut sembler très citadin, par son mode de vie, son style vestimentaire ou sa manière d'aborder les relations, bas n'en reste pas moins un amoureux de la nature. incapable de rester en place trop longtemps en ville, il s'échappe régulièrement seul dans les Alpes de Lyngen afin d'y faire du trekking ou de l'alpinisme. grand sportif, il a été initié à la haute montagne par un guide local argentin lors d'un voyage dans la province de mendoza. rendu fou par cette expérience, il s'entraîne depuis régulièrement avec pour objectif de faire un jour l'ascension de l'un des seven summits. ce qu'il aime dans ce sport ?s'engager sur une forme de chemin biblique, seul face à soi-même, frémir dans les marges et par elles, pour céder à l'intensité du moi explorant.