Rencontre au BK (Olav)

T’étais nerveux.
C’était pourtant pas compliqué, il allait te rendre le téléphone d’Ida, tu allais dire merci et ensuite, il allait repartir dans sa maison et toi la tienne, ou peu importe où il irait, il faisait bien ce qu’il voulait. Sauf que peut-être qu’il allait parler ? Peut-être que c’était un de ces cons du lycée ? Peut-être qu’il allait raconter des blagues que tu ne comprendrais pas. Ou peut-être qu’il te ferait payer pour le portable ?
Tu ne savais pas ce qui allait se passer, tu détestais rencontrer des gens. Mais tu le faisais pour Ida. T’aurais peut-être du lui demander de venir ? C’était elle la douée des relations.

T’avais trouvé un téléphone. Là dans le coin d’un trottoir.
Et, parce que t’avais un côté bon samaritain, t’étais là à rejoindre quelqu’un pour le rendre.

Un garçon. Qui, quoi.
T’en savais rien.
C’était un peu bizarre comme rencontre.
Mais, pourquoi pas. Peut-être en serait-ce une bonne.

Mais, tu t’attendais pas à ça.
Pas à lui.
Jeune homme, enfant ?
Frêle silhouette à t’attendre au loin.

Alors, t’approches et tu souris.
Pour pas lui faire peur.
Pour pas le faire fuir.

- Bonjour. C’est à toi que je dois rendre le téléphone ?

Tu le tends, mais le tiens fermement.
Tu voudrais pas te tromper.
Te le faire voler.

Tu ne savais pas trop ce qui allait se passer, peut-être que vous ne parviendrez pas à vous trouver ? Ou vous comprendre ? C’était toujours stressant pour toi de rencontrer des gens que tu ne connaissais pas, toi qui préférais passer inaperçu. Puis s’il se mettait à discuter ? Encore un moment embarrassant en perspective.
Et alors que tu ne t’y attendais plus vraiment, la lumière changea au dessus de la table, une ombre imperceptible dans la salle bien éclairée. Tu ne l’avais pas entendu venir, ni même te saluer, évidemment. Mais tu étais habitué à être attentif au reste. Tu levais alors seulement ton regard tempête sur lui, fixant ses lèvres avant de lancer un bref coup d’œil sur le portable qu’il te tendait. Pas de doutes, c’était bien celui d’Ida. « Merci pour le téléphone » tu dis de ta voix bizarre, un peu avalée. Puis comme il te regarde, tu te sens obligé d’ajouter : « el’s’ra contente» tu rosis un peu, conscient d’avaler un peu davantage tes mots.