YOUR STORY
all good things are wild and free ▪︎ hello mountainMaman m'a un jour expliquée que je suis né à l'envers et que le docteur m'a secoué si fort qu'un bout d'adulte c'est brisé contre le sol. En mille morceaux, comme la grosse tasse à fraises que j'ai cassé la semaine dernière. C'est pourquoi, m'a t-elle murmuré, que jamais, au grand jamais, je ne saurais ce que c'est que d'avoir mal comme un grand. Que je ne me soucierais ni d'hier ni de demain. Que je n'aurais que faire des crédits, des tromperies, des calcules d'imposition, de la physique quantique et du sens de la vie.
Et lorsque je lui demande ce qu'il me reste, maman me confie, tendit qu'elle embrasse mon front que tout ce que je peux faire désormais, c'est d'apprendre à être grand à ma façon.
d'apprendre à être grand à ma façon...Je crois que je commence tout doucement à mettre des mots sur ce qu'elle a voulu me faire comprendre ce jour-là.
Le monde est incroyablement étrange, si bien que je suis incapable dire qui sont les imbéciles dans cette histoire.
Eux ou moi ?
moi ou lui ?
Eux, lui, puis maman un peu aussi.
Parce que j'ai peur de ce que demain signifie. Est-ce que le garçon assis derrière moi va encore passer toute l'heure de mathématique à enfoncer son stylo dans mon dos ? et pendant la récré, vais-je devoir rester tout seul dans mon coin ou quelqu'un va se décider à venir me parler ? Comme la jolie fille qui me caresse les cheveux ? et ceux qui m'invitent parfois à boire de la "vodka" quand le soleil ne brille pas ?
Et puis...
Si je ne me contrôle pas ?
Si j'ai l'air trop "con" ?
Si je ris trop fort ?
Si je pleure ?
Demain devrait disparaître.
Définitivement.
S'il n'existait plus, alors je n'aurais plus peur de me réveiller le matin. Mais maman dit que Demain ne se gomme pas. Même pas à l'effaceur, que c'est un truc qu'on supporte, qu'on regarde et qu'on affronte.
Comme l'absence de ses yeux sur moi lorsqu'on est dans la même pièce tout les deux.
Il n'aime pas trop montrer que l'on se connait lorsqu'on se frôle près des casiers. En cachette, mon amoureux me prie de ne jamais rien dire et de faire comme si de rien n'était. Il appelle ça un jeu et confie que c'est pour notre bien à tout les deux.
Son sourire et la façon dont il souffle ça me brise le cœur et j'en pleure lorsqu'il ne me regarde pas.
Parce qu'il le pense aussi: que je ne qu'un crétin. Je le sais.
Il m'aime pour se rassurer.
Il embrasse ma joue parce qu'elle est aussi douce que le dit maman.
Il me prend dans ses bras parce qu'il n'arrive pas à se serrer tout seul.
Et que je le fais si bien, l'enlacer tendrement.
Je suis incapable de réciter correctement mes multiplications, je tousse lorsque je "fume" et je retarde tout le monde lorsqu'il faut écrire plus de trois phrases sur le cahier.
Mais je l'aime. je l'aime si fort que j'en oublie d'être assez bête pour le "quitter".
C'est ça, ma façon d'être grand: leurs sourire et supporter.
Après tout, je ne suis qu'un "con".Et...je suis presque sûr, à présent, de savoir ce qu'il faut faire pour grandir sans trop souffrir. Enfin, pour grandir, sans se faire souffrir.
Faut arrêter, tout arrêter. d'écouter, de penser, de se demander ce que font les autres gens. Parce que ça ne sert à rien.
J'aurais beau sourire, crier, rire et pleurer, je sais que je serais toujours le crétin de quelqu'un.
tout le monde en a un. On y peut rien.
Quand on sait ça, on se sent de suite plus grand.
Ce que je ressens, c'est que les prof' appelaient la libération en parlant de deuxième guerre mondiale et d'histoire. Je sais bien que je n'ai jamais eu d'allemands, de nazis, de "bâtards" ou de méchants dans le cœur, y'a pas assez de place pour autant de mondes, mais pour moi, c'était un peu la même chose.
Des gens m'ont obligé à porter une étoile dont je ne voulais pas.
Une vieille étiquette, moche, blessante et super lourde.
On c'est moqué de moi pour ça.
Parce que je n'étais pas le bon genre de crétin.
Parce qu'eux pouvaient mentir, se rebeller, crier, embrasser sans se sentir ratatiner, oppresser ou mal aimé.
Parce qu'on m'a fait croire qu'à cause de mon cerveau en caoutchouc, je n'étais pas en droit d'être autre chose qu'un crétin.
Qu'être un oscar, forcément, ce serait trop bien.
Alors un jour, j'ai décidé de tout arrêter. j'ai demandé à maman de ne plus jamais m'appeler son bébé, à papa d'arrêter de me regarder comme si j'avais un pied en plein milieu du front et au monde entier de ne plus, jamais, jamais, jamais me donner l'impression que je suis moins qu'un garçon.
li bé ra tion.
C'est comme ça que de crétin. je suis devenu pluton.
Rien n'a changé dans le système solaire.
Si ce n'est moi.
Si ce n'est moi.