(théa) ϟ princesse en carton

︎ Théa n'est pas Théa, Théa a toujours voulu être Théa, Théa a fini par être Théa. Toujours peur que le passé revienne toquer à la porte, pourtant elle l'a enterré, elle a creusé, creusé, creusé encore pour l'étouffer sous la terre. Théa est Théa. Elle l'a toujours été.

   ︎ Théa est orpheline. La douceur des bras de sa mère ne lui est qu'un lointain souvenir, douceur aigre, douceur amère, mauvais souvenir des jours tristes. La mère n'est plus qu'une inconnue perdue dans les âmes de Trondheim, un cauchemar à cause duquel on ne veut plus jamais fermer les yeux. La mère a été reniée. Le reste de la famille oublié.

   ︎ Théa aime boire, trop, jamais assez, toujours des regrets et le cerveau qui tambourine contre les tempes. Théa elle aime oublier, se sentir en dehors de son corps. Elle aime flotter par dessus les autres.

   ︎ Thé est invivable. Elle ne se supporte pas elle-même, elle veut se faire du mal à chaque fois qu'elle dit quelque chose de travers. Elle se tape contre les murs Théa, elle s'enfonce les ongles dans la chair jusqu'à se faire saigner. Elle n'a pas toujours été comme ça, Théa, sa maman lui disait toujours "un petit ange, un petit enfant sage", c'est l’hôpital psychiatrique qui l'a rendue comme ça, Théa.

   ︎ Théa elle a tout quitté pour Bo. Il n'y avait rien à quitter. Elle a claqué tout ce qui lui restait sur son compte pour le rejoindre, l'éphèbe qui voulait la baiser. Elle l'aime trop, elle fait toujours tout trop mais pourtant ce n'est pas assez. Et lui aussi il l'aime, et puis de toute façon même s'il ne l'aimait pas elle ne pourrait pas le laisser partir, elle peut plus vivre sans lui. Elle l'aime trop. Pas assez.