(kaleidoscope)

~ ida, c'est l'erreur de jeunesse un peu trop courante. le cliché d'une partie de jambe en l'air qui a fini à la maternité.
~ maman ne voulait pas d'elle, y a que papa qui a eu un peu de peine. papa qui passait ses journées sur sa planche, papa trop occupé à additionner les soirées pour changer et nourrir la gosse. c'est mamie qui a fait tout le boulot, qui a tâché d'élever la bête.
~ ida, elle est un peu sauvage. trop spontané. c'est la franchise à l'état pur. l'hypocrisie mondaine, elle connaît pas. elle balance la brune, tant pis si ça plaît pas. elle veut pas s'alourdir la conscience pour ces gens-là.
~ sortir, elle fait que ça. elle peut pas tenir en place, ida. besoin de prendre l'air, de respirer. elle fait les quatre coins du quartier, traîne avec les premiers venus. elle a pas peur de grand-chose et est toujours la première à avoir les mauvaises idées.
~ la musique, c'est h24, 7j/7. à en exaspérer son père, à en considérer comme une bouffée d'air. les mélodies qui font rire, sourire, pleurer, calmer. elle vit avec, toute la journée.
~ elle est pas toujours très féminine, ida. dans ses propos, dans ses gestes, dans ses actes et même vestimentairement parlant. y avait que papa comme exemple, pas la moindre trace d’œstrogène dans l'air à part elle.
~ tout au long de sa scolarité c'est un oiseau de nuit, blondie. sur les bancs du lycée la journée, souvent dans la rue à la nuit tombée. ida elle aime bien s'amuser, déconner aussi. le temps d'une nuit et tout oublier le lendemain pour recommencer.
~ elle a peur de grandir, ida. une vie bien rangée, une maison, toute la petite famille... rien que de songer à une vie pareil, ça la fait cauchemarder. la stabilité, ce n'est pas son truc. ida, elle veut de l'action.
~ ida, c'est pas une grande timide. aller vers les autres, s'adresser à eux. c'est une chose facile, naturelle. passer du bon temps avec les autres elle sait faire, se dévoiler bien moins.
~ quand elle est énervée, elle est violente ida. pas physiquement avec ses cinquante kilos tout mouillés mais verbalement. elle mesure plus ses mots. ça s’entrechoque, percute l'interlocuteur. des mots-couteaux.
~ ida, elle aime pas se dévoiler. souffler des paroles en l'air à tout va, à n'importe qui, c'est pas son truc. non, elle, elle est plutôt tactile. peut-être même un peu trop. les accolades entre amis, les baisers plantés sur les joues, les câlins, les caresses pour certain. ida, elle ne cesse de choyer ses proches à défaut de pouvoir leur souffler des beaux mots.
~ les heures de colles, elle y passe presque plus de temps qu'en cours. devoir non rendu, cours séchés. on compte plus, ne cesse de additionner. elle est pas conne pourtant, ida. ça frôle presque le génie, mais bien plus l'ennui.
~ ida, elle en fait trop parfois. malgré elle, c'est plus fort qu'elle. les petits services qui s'enchaîne, le "non" qui ne franchit jamais ses lèvres. on se joue d'elle parfois, quelques fois. pourtant, elle s'arrête pas. continue.
~ jugé souvent de je-m'en-foutiste, ida, elle fait des efforts que lorsque ça la passionne. les langues étrangères, l'histoire. ça rentre tout seul, c'est comme ça.
~ le langage des signes, elle en a bavé. des longues heures à comprendre, à apprendre à signer. pour une fois, bornée fut d'une grande utilité. c'est encore un peu maladroit parfois, pas vraiment parfait. mais ida parvient à comprendre et s'exprimer à ses côtés et c'est la seule chose qui compte.
~ rancunière, elle a du mal à oublier. la trahison, la douleur qui prend au palpitant. ça passe par les insultes avant de finir par ignorer. le sourire apparaît parfois, mais jamais aussi franc qu'avant.
~ l'injustice, ça l'horripile. ida, elle craint pas d'hausser le ton. impertinente, elle ne faiblit pas. ida elle gueule et bien des personnes ne savent si elle s'arrêtera.
~ ida, elle n'aime pas abandonner. quitte à en saigner, elle ne laisseras jamais rien tomber.