YOUR STORY
all good things are wild and free ▪︎ hello mountainT’as le sourire trop grand.
Le sourire trop fort.
Mais, il fallait bien trouver quelque chose.
Pour taire ce poignard enfoncé dans ta chaire.
Ce poignard qui tourne, tourne et tourne encore.
Brisant, déchiquetant la peau si fragile de ton âme.
Poignard enfoncé jusqu'à la garde.
Tu l’as pas vu venir, pas vu entrer.
Si fort, si douloureusement.
Mais, il est fiché et ne partira plus jamais.
Parce que c’est quelque chose que tu peux faire juste semblant d’oublier.
Quelque chose que tu préfères faire semblant d’oublier.
Alors, t’as le sourire trop grand.
Le sourire trop fort.
Mais, comme ça, tu ris, tu souris.
Oué, Olav, tu vis.
Enfin t’essayes.
Parce que KO comme t’es, c’est jamais facile.
De faire semblant, de faire croire.
Que la vie est belle.
T’as le sourire trop grand.
Le sourire trop fort.
T’as jamais vraiment su quand tout a commencé, si c’était un matin ou un soir. Mais, un beau jour, y a la noirceur qui a envahi ta couleur, envahit ton cœur et ton corps. Noirceur monstrueuse qui s’est fichée dans ton corps, tel un poignard empoisonné. C’est entré, encore et encore, jusqu’à ce que tes larmes disparaissent, jusqu’à ce que ton corps abandonne. Pour ne plus avoir mal. Pour ne plus supporter tout ça. Juste fermer les yeux. Trop fort, très fort. Pour ne pas voir ta peau devenir peu à peu noire de cette douleur. Pour ne pas voir le mal t’envahir. Oui, juste fermer les yeux.
Comme le faisait tout le monde autour de toi.
Comme le faisait si bien maman.
Mais, de maman, ça fait bien longtemps que tu n’en as plus. Bien longtemps que tu le prononces plus. Ce mot. Comme l’autre. Comme tous les autres. Parce que t’as jamais vraiment su quand tout a commencé, si c’était un matin ou un soir. Et personne n’a rien vu. Jusqu’à ce beau jour. Jusqu’à la voisine. Si aimable, serviable. La seule, qui n’a jamais osé voir la vérité. Parce qu’autour de toi, tout le monde fermait les yeux.
Peut-être parce que c’était plus facile.
De ne pas voir.
De ne pas comprendre.
Peut-être.
Mais, elle t’a pris la main, elle avec ses doigts si longs, toi avec les tiens si petit. Et, tu l’as fixé avec tes grands yeux bleus. Tu l’as fixé jusqu’à ce qu’elle comprenne ? Jusqu’à ce qu’elle voit les traces ? De ce poignard sanglant planté dans ta chaire. De ce poignard sanglant qui ne cessait de tourner, retourner ta peau si fragile. T’as jamais su, mais, elle t’a juste sourit et guidé chez elle. Parce que t’étais malade ce jour-là. Malade à en vomir. Parce que t’arrivais pas à marcher, Olav. Jusque la cour de récrée. Alors, elle t’as assis sur le canapé, toi et ton corps tremblant. Toi et ton front perlant. Et, elle l’a composé, ce numéro qui a changé ta vie. En bien ? En mal ? Peut-être un peu des deux. Parce que quand elle t’a repris la main avec son sourire trop doux à tes yeux, t’étais allongé. Là, dans cette chambre d’hôpital. T’es parents (démons) criant dans le couloir.
Les yeux s’étaient enfin ouverts.
Pour voir le poignard.
Pour voir l’enfant.
Parce qu’on n’attrape pas la syphilis à sept ans.
Non.
T’as le sourire trop grand.
Le sourire trop fort.